Auto Occasion

Le marché des occasions est-il à l’aube d’un boom?

La crise du coronavirus a fortement et durablement affecté le commerce des voitures neuves et d’occasion. Mais tandis qu’auto-suisse prévoit un recul de plus de 20 % des immatriculations à la fin de l’année, le marché des occasions semble être sur le point de s’envoler.

La situation s’annonçait mal en janvier déjà, puisqu’on enregistrait un recul notable de 10 % des immatriculations de voitures neuves (de tourisme) par rapport à l’année précédente. Et la baisse de 13,8 % consignée en février était elle aussi un signe avant-coureur de ce qui allait arriver ensuite: en mars, les nouvelles immatriculations s’effondraient de près de 39,4 %, et cette spirale négative n’augurait rien de bon pour la suite. En avril, seuls 9382 véhicules neufs étaient immatriculés, ce qui représente un recul de 67,2 % par rapport à 2019. Une telle dégringolade ne s’était plus produite depuis la crise du prix du pétrole dans les années 1970. Autrement dit, le printemps 2020 restera probablement dans les annales comme le plus noir de toute l’histoire pour le secteur de la vente des voitures neuves.

En revanche, la mobilité individuelle gagne en attractivité: l’augmentation notable du trafic observée dès à présent le montre. Cela pourrait constituer une petite lueur d’espoir pour les ateliers automobiles.

La deuxième lueur d’espoir est du côté du marché des voitures de tourisme d’occasion, où l’ambiance est d’ores et déjà bien moins maussade. Bien entendu, les chiffres de vente ont reculé aussi dans ce secteur-là, mais pas tout à fait dans la même mesure que dans celui des voitures neuves. En janvier, on enregistrait encore une hausse de 2,2 % en glissement annuel. Le vent n’a commencé à tourner qu’en février, avec une baisse de 1,4 % des ventes de véhicules d’occasion. En mars, le secteur cédait 23,7 %, et en avril, tout de même 37,5 %.

Si l’on compare ces chiffres à ceux des immatriculations de voitures neuves, on note que le rapport de force a beaucoup évolué. Le ratio voitures neuves vs occasions s’élevait à 1:3,32 en janvier 2019; on vendait donc une voiture neuve pour 3,32 occasions. Un an plus tard, ce ratio était de 1:3,78. Il s’élevait à 1:2,75 en février 2019 et à 1:3,15 en février 2020, à 1:2,31 en mars 2019 et à 1:2,91 en mars 2020, à 1:2,36 en avril 2019 et à 1:4,49 en avril 2020. Autrement dit, on a enregistré 4,49 ventes de voitures d’occasion pour une seule nouvelle immatriculation en avril de cette année, soit presque deux fois plus qu’en 2019.

Si cette situation devait perdurer, une pénurie de bons véhicules d’occasion pourrait rapidement se dessiner. D’une part, en raison de la morosité observée dans le secteur des voitures neuves, peu de nouvelles occasions arrivent sur le marché; d’autre part, les stocks de voitures d’occasion s’amenuisent. À moyen terme, cela pourrait impacter la demande et le prix des occasions.